Jusqu’où ira Victor Campenaerts ?
Le Vélo de cristal 2018 n’a pas fini de progresser et il reste ambitieux en rêvant au record de l’heure et à des médailles mondiales et olympiques.
- Publié le 07-12-2018 à 06h30
Le Vélo de cristal 2018 n’a pas fini de progresser et il reste ambitieux en rêvant au record de l’heure et à des médailles mondiales et olympiques. C’est l’histoire d’un jeune homme de 27 ans devenu, en recevant le Vélo de cristal des mains de Bradley Wiggins, le meilleur coureur belge de la saison écoulée un peu à la surprise générale, et avant tout la sienne.
Reconnaissons-le, le nom de Victor Campenaerts était peu cité avant la cérémonie. Pourtant, l’Anversois de Lotto-Soudal disposait de solides arguments. Après coup, d’ailleurs, chacun s’accorde à dire que le spécialiste du chrono n’a nullement volé sa récompense.
Campenaerts est un sportif et un vainqueur né. Quand il comprit qu’il ne pourrait jamais devenir le meilleur dans les bassins, en raison de son "petit" gabarit (1m73), il tourna le dos à la natation pour tenter sa chance en triathlon.
"J’ai toujours été un compétiteur, j’avais besoin d’être le meilleur", avoue-t-il. "En triathlon, j’ai régulièrement souffert de blessures dans la course à pied."
L’Anversois se tourne à ce moment vers le cyclisme. Il a déjà 19 ans. À côté de sa seule idole, Frédéric Deburghgraeve, le champion olympique du 100 m brasse, l’unique coureur qui l’intéressait alors s’appelait Sven Nys. Campenaerts avait d’ailleurs déjà goûté un peu au cyclisme, en disputant quelques cyclo-cross avec une licence d’un jour chez les débutants.
"Il manquait de technique", témoigne son père. "Mais à 14 ans, pendant les vacances, il avait escaladé sans entraînement et sur sa seule condition physique de nageur le Mont Ventoux en une heure et demie, ce qui n’est pas rien."
À 19 ans, le fils découvre donc les pelotons. Au club Dijlespurters, son directeur sportif est l’ancien professionnel Benny Van Der Auwera. Il découvre un diamant mal dégrossi : "J’ai rarement vu quelqu’un d’aussi fort, mais qui roule aussi stupidement", dira-t-il à l’époque.
"Techniquement, c’était difficile, j’étais plus à l’aise dans les chronos", reconnaît Campi.
Petit à petit, le jeune coureur réduit son retard et prend du volume au point de rejoindre les pros trois ans plus tard.
On connaît la suite avec une progression constante. À Innsbruck, fin septembre, trois mois après avoir conquis un deuxième titre national contre-la-montre, six semaines après avoir conservé son maillot de champion d’Europe, Campenaerts a réalisé la meilleure performance d’un coureur belge lors d’un championnat du monde de la spécialité.
Dans la capitale du Tyrol, le coureur de Lotto Soudal monta sur la troisième marche du podium derrière Rohan Dennis et Tom Dumoulin, qu’il avait même menacé jusqu’au bout. Jamais encore, depuis la création de l’épreuve arc-en-ciel en 1994, un de nos compatriotes n’avait obtenu un meilleur résultat que le trio Nico Emonds, Leif Hoste et Stijn Devolder, tous classés 6e, respectivement en 1994, 2001 et 2008.
La montée en puissance linéaire du moustachu ne permet pas de situer ses limites. Désormais en couple avec la nageuse Fanny Lecluyse ( " Deux sportifs de haut niveau ensemble, c’est plus facile, on se comprend" ), Victor Campenaerts ne fait pas mystère de son ambition.
"S’il y a bien une discipline où je peux devenir le meilleur, c’est le contre-la-montre", affirme-t-il.
Perfectionniste, professionnel jusqu’au bout des ongles, hommes de détails, il rêve d’enlever l’an prochain un chrono dans le WorldTour, lui qui jusqu’ici n’y a cumulé que des accessits. Il veut aussi confirmer sa médaille de bronze mondiale. L’année suivante, l’Anversois aimerait conquérir aux Jeux de Tokyo une médaille olympique. Mais sa grande affaire des mois à venir sera sans doute son attaque contre le record de l’heure de Bradley Wiggins..
"Je ne dis pas que je suis meilleur coureur que Bradley Wiggins, mais sa tentative n’a pas eu lieu dans les meilleures conditions", dit le Vélo de cristal 2018 qui va passer les deux premiers mois de l’année prochaine en Namie pour préparer au mieux son essai. "Avec l’équipe Lotto-Soudal, je compte bien mettre tous les atouts dans mon jeu."